Arrêtés ministériels et conditions de travail:  La cour supérieure entendra le SCFP

C’est ce qu’a décidé l’honorable juge Guylène Baugé dans sa décision de 22 pages rendue le 23 août dernier.

Le pourvoi en contrôle judiciaire regroupe plusieurs requêtes provenant des divers syndicats représentant les travailleuses du réseau de la santé et des services sociaux.  Ces requêtes visent à faire invalider en parties certaines mesures découlant des arrêtés ministériels 2020-007, 2022-030, 2022-033 ainsi que plusieurs articles de la Loi visant à mettre fin à l’état d’urgence sanitaire tout en prévoyant le maintien de mesures transitoires nécessaires pour protéger la santé de la population.  La directive ministérielle du 16 décembre 2022 qui prolonge certaines mesures est aussi contestée.

   La décision fait suite aux objections préliminaires du procureur de la couronne pour faire rejeter le pourvoi.  La juge résume ainsi les prétentions du gouvernement :

« 1) les doléances des Syndicats visent principalement l’application des mesures prévues aux arrêtés par les établissements du Réseau, litige qui dans son essence relève de la compétence exclusive de l’arbitre de griefs; 2) les pourvois s’avèrent abusifs parce que devenus théoriques et voués à l’échec depuis l’adoption de la Loi 28 et l’abrogation des dispositions contestées, avec effet au 31 décembre 2022. »

À ces objections, la juge répond ceci:

« …bien que sur fond de relations de travail, les pourvois ne concernent pas l’interprétation ou l’application des mesures intégrées aux conventions collectives. Ils visent plutôt à faire déclarer ces mesures inapplicables constitutionnellement, invalides ou inopérantes parce que leur adoption porte atteinte à la liberté d’association protégée par la Charte canadienne des droits et libertés et par la Charte des droits et libertés de la personne. »

Et

« Ce litige présente des difficultés réelles et concrètes à résoudre – et non des enjeux strictement théoriques ou académiques. Au fond, il s’agira de déterminer si les décisions du gouvernement ont porté atteinte au droit des personnes salariées du Réseau de participer véritablement au processus de négociation, de façon compatible avec leur liberté d’association. En outre, il faudra décider si leurs droits sont affectés de façon permanente par les modifications unilatérales des conventions collectives apportées par les arrêtés ministériels en cause, ainsi que par la prolongation des mesures contestées, au-delà de leur abrogation, annoncée par la directive ministérielle adressée aux Établissements le 16 décembre 2022 et entrée en vigueur le 1er janvier 2023. »

La cause devrait être entendue sur le fond au courant de l’année 2024 et une décision sera attendue au début de l’année 2025. 

Advenant gain de cause pour les syndicats, plusieurs griefs déposés durant la pandémie contestant les mesures qui ne faisaient pas partie des conventions collectives pourront être entendus en arbitrage de griefs.

À suivre…

La question de la semaine : Quand aurons-nous nos augmentations de salaires?

Il n’y a pas de boule de cristal pour connaître la date exacte.  Toutefois, il est important de se rappeler que les augmentations négociées seront applicables rétroactivement au 1er avril 2023.

Voici donc les étapes à franchir avant de voir apparaître les sommes sur nos paies :

Premièrement, les parties vont rédiger et se transmettre les nouveaux textes.  Il y aura des corrections, ajustements et concordances à faire.  Cet exercice peut prendre de 3 à 6 mois.  En 2021, c’était 4 mois (juin à octobre).

Deuxièmement, il y aura la signature par les parties.

Et enfin, l’employeur devra appliquer la convention collective selon les modalités de l’entente de mise en application.  Pour savoir à quoi ressemble une telle entente, vous pouvez consulter l’article 37 des dispositions nationales qui s’intitule : Durée et rétroactivité des dispositions nationales de la convention collective

Selon la dernière entente de 2021, les ajustements des salaires et le versement des sommes rétroactives, devaient se faire entre 45(Art. 37.06) et 90(art. 37.07) jours de la signature de la convention collective.

NB. Pour les règlements des plaintes du maintien de l’équité salariale, les ajustements des taux devraient se concrétiser simultanément à ceux de la convention collective.  Cependant, il peut s’écouler jusqu’à un an avant d’obtenir les sommes rétroactives avec les intérêts.

PH

Outil de calcul de votre taux horaire

Nous avons créé un outil PDF (non officiel) pour vous permettre de calculer l’effet des augmentations de salaires sur votre taux horaire. L’outil tient aussi compte des changements ainsi que de l’entente de maintien de l’équité salariale pour les personnes visées de la catégorie 3. Vous n’avez qu’à chercher votre titre d’emploi dans le document et cliquer dessus. Vous verrez apparaître les nouvelles échelles de salaires valides jusqu’au 31 mars 2028.

Info-négo – matières intersectorielles FTQ – 23 février 2024

C’est ce lundi que prenaient fin les assemblées générales concernant les votes sur les ententes de principe des tables centrale et sectorielles pour l’ensemble des syndicats affiliés à la FTQ. C’est plus d’une centaine d’assemblées générales qui ont eu lieu entre le 15 janvier et le 19 février 2024.

Si cela n’est pas déjà fait chacun des syndicats ou leurs secteurs affiliés vous informeront dans les prochains jours des résultats de leur table sectorielle respective.

Les membres des affiliés de la FTQ ont ratifié à 64,6 % l’entente de principe de la table centrale intervenue le 28 décembre dernier entre le Front commun et le gouvernement du Québec. Le résultat final pour le Front commun sera dévoilé ce vendredi lors d’une conférence de presse.

Le message des membres affiliés à la FTQ est clair, il demeure une insatisfaction et il y a encore beaucoup de travail à faire pour améliorer nos conditions de travail et les services publics.

Bien qu’il s’agisse de la plus importante augmentation salariale depuis plus de 50 ans, nos membres nous ont rappelé que l’inflation subie ces dernières années est aussi du jamais vu. Le gouvernement du Québec n’a donc pas fait de cadeau à personne.

Cette négociation a aussi été un rappel que rien n’est acquis. Encore une fois, le gouvernement a tenté de s’attaquer au RREGOP, mais la mobilisation incroyable de nos membres a permis de maintenir notre régime de retraite tel quel tout en améliorant la retraite progressive.

La période de vote sur l’entente de principe n’était pas encore terminée que le premier ministre du Québec, François Legault, qualifiait déjà en conférence de presse ses offres comme une dépense majeure. Il a clairement associé le déficit budgétaire aux investissements  dans  les  services  publics.  Tant que le

gouvernement verra les investissements dans les services publics comme une dépense injustifiée, nos services publics demeureront vulnérables. Chaque négociation sera une lutte pour s’assurer de maintenir des services publics de qualité pour la population du Québec.

En terminant, le comité de négociation FTQ tient à remercier tous les membres ainsi que la population pour leur appui et leur grande mobilisation qui nous ont permis de contraindre le gouvernement à bonifier son offre initiale, d’inclure une clause d’IPC et de mettre un frein aux attaques sur nos acquis.